Biomarqueur des AIT
Résumé :
Le diagnostic d’AIT défini comme un épisode neurologique focal transitoire d’origine vasculaire sans preuve d’infarctus en imagerie est difficile. Les équipes INSERM, de neurologie et d’exploration fonctionnelle neurologique du CHU de CAEN à partir d’un modèle murin d’AIT et de technique d’imagerie moléculaire par IRM identifient un biomarqueur spécifique dirigé contre la p-sélectine impliquant les mécanismes inflammatoires des cellules endothéliales.
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Dans un premier temps, les auteurs ont développé un modèle murin d’AIT répondant aux trois critères de cette définition, en combinant des mesures de laser Doppler (origine vasculaire), de potentiels évoqués somesthésiques (épisode neurologique) et d’examen IRM (absence d’infarctus en imagerie). L’analyse des molécules d'adhésion endothéliales a permis d’identifier la P-sélectine en tant que biomarqueur potentiel d’AIT. Toutefois, les dosages ELISA pour la P-sélectine soluble se sont avérés être peu sensibles pour révéler ce biomarqueur. Les auteurs ont alors envisagé de développer une méthode d’imagerie moléculaire non-invasive de l’inflammation des cellules endothéliales, éléments clefs de situations d’inflammation cérébrovasculaire. Pour cela, les MPIOs (microparticules de fer oxydé) ont été considérés comme des contrastophores de choix pour cibler l’endothélium activé pour différentes raisons. Premièrement, de par leur taille, ces particules magnétiques ont une très haute sensibilité de détection en IRM, comparées à d’autres particules plus petites et elles ne peuvent pas franchir la barrière hémato-encéphalique, ce qui leur confère une spécificité d’action dans le compartiment intra-vasculaire. Deuxièmement, leur demi-vie vasculaire est très courte (< 2 minutes chez le rat). Enfin, le phénomène de « blooming effect » permet d’obtenir des hyposignaux spécifiques de la cible d’intérêt, et ce, malgré une faible quantité de produit de contraste.
Dans cette étude, les MPIOs couplés à des anticorps dirigés contre la P-sélectine sont apparus comme un outil très sensible pour diagnostiquer en IRM l’AIT, là où l’IRM conventionnelle ne détecte aucune atteinte. De plus, cet outil permet de discriminer l’AIT de ses principaux diagnostics différentiels (épilepsie et migraine).
(BRAIN 2017 ; 140 : 146-157)